Menacée de mariage précoce, Saran, élève au collège de Komayah se bat pour amener sa maman à renoncer au projet de la marier
Article – Saa Momory KOUNDOUNO
@Unicef
Le mariage précoce était pratiqué dans les sociétés traditionnelles africaines pour préserver l’héritage de la famille. Ce désir ardent des parents de faire marier leurs filles bien avant l’âge requis, avait aussi pour soubassement, de leur éviter de tomber enceinte et de ne plus être des filles dignes du mariage. Sauf que cette anticipation viole le droit de ces filles, leur porte préjudice et entrave leur lutte pour un avenir meilleur. C’est dans cette situation que se trouve actuellement, celle que nous appellerons Saran, élève au collège de Komaya.
Âgée de 14 ans, Saran vit dans l’un des villages de Samaya, une commune rurale de la préfecture de Kindia. Chaque matin, elle parcourt avec ses amies, 3 km pour rallier le collège de Komaya. Avant de prendre le chemin de l’école le matin, Saran balaie la cour et lave les bols pour soulager sa maman dans les travaux ménagers. Mais depuis 2019, les relations entre elle et sa maman se sont dégradées à cause d’un projet de mariage que sa maman est en train de lui peaufiner, contre son gré. Depuis, elles se sont inscrites dans des rapports de défiance réciproque.
«Cela fait maintenant un an que ma maman me parle de mon mariage avec un jeune de l’un des villages environnants. Ce jeune vient fréquemment ici. J’ai dit à ma maman que je n’ai pas l’âge de moi marier et que ma priorité, ce sont les études. Mais elle est catégorique, elle me dit que je veuille ou non, je vais épouser cet homme. C’est à ce niveau que nous sommes actuellement »
Son père, victime d’un AVC, est contraint désormais de vivre terré dans sa chambre à la maison et Saran passe ses temps libres auprès de lui.
Elle reste intransigeante par rapport à sa position sur le mariage « Si on m’envoie de force chez ce jeune, je vais fuuir pour revenir ici ou au pire des cas, je m’en irai où je voudrai ».
Elle n’est pas la seule à mesurer l’impact négatif de ce projet prématuré. Ses copines le savent également et tentent comme elles le peuvent de la dissuader « Parfois, je me retire de la famille pour rejoindre mes copines. Et le plus souvent, ce projet de mariage précoce auquel tient mordicus ma maman domine nos causeries. Mes copines me conseillent de ne pas abandonner mes études pour me marier, sinon je tomberai vite enceinte et je vieillirais très tôt ».
Il reste qu’une fille éduquée est plus utile à sa famille, à son foyer et à sa communauté, que l’on observe est donnée prématurément en mariage «Je tiens vraiment à poursuivre mes études, c’est pourquoi je demande aux autorités communales d’intercéder auprès de ma maman afin de convaincre de renoncer à ce projet de mariage ».
Le mariage précoce d’une jeune fille freine la réalisation de son plein potentiel. À cela, s’ajoutent les complications une fois enceinte. De plus, les femmes qui se marient à l’âge légal, instruites, peuvent plus envisager une vie meilleure pour elles et pour leur famille